Au-delà de la matière
du 11 avril au 4 mai 2025
La Galerie Noir sur Blanc organise une exposition singulière du 11 avril au 2 mai 2025, réunissant Azzeddine Abdelouhabi et Driss Rahhaoui. Ces deux artistes transforment des matériaux simples – l’œuf et le charbon – en symboles profonds, porteurs de réflexion et d’émotion.
Azzeddine Abdelouhabi, par son exploration de la coquille d'œuf, s'empare d’un symbole universel et ancestral : celui de la naissance, du commencement, de l’origine. L'œuf représente un seuil, une frontière fragile entre l’intérieur et l’extérieur, entre le potentiel en gestation et la vie en devenir. Pourtant, cette fragilité n’évoque pas la faiblesse, mais, au contraire, l’essence même de l’existence humaine et du monde qui l’entoure.
À travers ses œuvres, l’artiste célèbre cette dualité entre solidité et vulnérabilité, interrogeant la précarité de toute chose. Sa palette de couleurs, allant du blanc immaculé au saumon délicat, traduit les multiples nuances de l’existence, où chaque teinte devient une promesse d’avenir. Chaque coquille, loin d’être une fin, raconte une histoire, celle d’un équilibre incertain entre résistance et effondrement.
Abdelouhabi ne se limite pas à représenter la coquille ; il en fait un langage visuel, une réflexion profonde sur la fragilité du monde. Cette fragilité, qui nous lie tous, devient le fondement même de notre humanité, rappelant que l’éphémère et le précieux ne font qu’un.
Driss Rahhaoui compose son œuvre avec le charbon, matière obscure, vestige du labeur ouvrier, témoin silencieux des peines humaines. Pour lui, ce n’est pas qu’une substance, mais une mémoire : celle d’un père perdu dans la mine, de ces hommes qui, entre deux souffrances, trouvaient refuge dans des instants de répit, loin du tumulte. Sa dernière série, Pause, célèbre ces moments suspendus, rendant hommage au corps féminin, flottant sur la toile ou incarné dans des sculptures monumentales.
Mélangé au henné, le charbon devient une trace d’un passé collectif, une empreinte chargée de récits et d’émotions, mais aussi le symbole d’une transition artistique. Par ce geste, Rahhaoui s’émancipe d’une pratique plastique centrée exclusivement sur le charbon, une approche souvent reprise, détournée, voire exploitée sans scrupules par d’autres artistes. Il revendique ainsi une démarche plus personnelle, une évolution nécessaire pour préserver l’authenticité de son travail tout en restant fidèle à ses racines. Son art devient alors un équilibre subtil entre mémoire et renouveau, entre hommage et transformation.
Au-delà des matériaux, au-delà des gestes artistiques, ce sont les vies invisibles que ces œuvres nous révèlent. Azzeddine Abdelouhabi et Driss Rahhaoui ne nous proposent pas seulement une contemplation esthétique, mais un questionnement sur notre rapport à l’existence, à l’origine et à la mémoire. Ils nous invitent à réfléchir sur la fragilité, sur le temps qui passe, et sur la manière dont les objets, les symboles et les matériaux peuvent nous parler de nous-mêmes et de notre monde.
"Au-delà de la matière" n’est pas un simple intitulé, mais un appel. Un appel à dépasser la surface des choses, à plonger dans ce qu’elles dissimulent de plus profond, de plus intemporel. À travers l'œuf et le charbon, ces artistes nous montrent que la matière, loin d’être une simple réalité tangible, est le reflet de nos fragilités et de nos forces, de nos origines et de nos mémoires. Dans chaque texture se cache une histoire, un souffle de vie qui attend d’être entendu.
GALERIE NOIR SUR BLANC
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